Carl Bechstein naquit en Allemagne en 1826. Pendant
son enfance, son beau-p�re lui apprit le piano, le violon
et le violoncelle. L'une de ses soeurs �pousa un facteur
de pianos, Johann Gleitz, et, comme Carl atteignait
l'�ge adulte, il fut d�cid� qu'il s'orienterait dans
cette branche et ferait son apprentissage chez Gleitz.
Une fois sa formation achev�e, Bechstein voyagea.
Il se rendit d'abord chez Pleyel, � Dresde, puis s'installa
� Berlin, o�, gr�ce � ses talents, on lui confia bient�t
un poste important : la direction de la petite usine
du c�l�bre facteur allemand G. Perau. Mais Bechstein
voulait mieux conna�tre la facture de l'�cole fran�aise,
alors consid�r�e comme la meilleure du monde, et, en
1849, il quitta Berlin pour Paris, o� il eut la possibilit�
d'�tudier les m�thodes de Pape et de Kriegelstein. Il
s'enrichit �norm�ment aupr�s des excellents artisans
et concepteurs fran�ais, notamment en mati�re de volume
sonore des pianos, et s'initia � l'aspect commercial
de l'industrie.
Bechstein retourna � Berlin en 1852 pour reprendre
la direction de l'usine Perau. Apr�s un second s�jour
� Paris en tant que contrema�tre de l'usine Kriegelstein,
il s'�tablit � Berlin pour de bon et se lan�a dans la
conception de ses propres instruments. D�s 1856, il
attira l'attention du c�l�bre pianiste Hans von B�low,
qui, par la suite, d�clara son admiration pour ses pianos.
Quelques mois plus tard, Bechstein assista � un concert
de Liszt, et, tout comme Ignaz B�sendorfer trois d�cennies
plus t�t, il fut stup�fait de la f�rocit� de son jeu.
Ayant remarqu� que Liszt cassait les cordes du piano
Erard sur lequel il jouait, Bechstein d�cida de construire
des instruments capables de r�sister � ce genre d'�preuve,
Il pria B�low de les essayer et, finalement, persuada
Liszt et B�low de jouer ensemble sur ses pianos. Liszt
fut converti, et se lia d'amiti� avec Bechstein. En
1892, conform�ment � la tradition des grands facteurs,
celui-ci ouvrit la salle Bechstein pr�s de Potsdamer
Platz, � Berlin.
Au cours de ses sept premi�res ann�es, la maison Bechstein
r�alisa 176 instruments. En 1900 (l'ann�e de la mort
de Carl), la production s'�tait �lev�e � pr�s de 3'700
unit�s. Carl Bechstein n'�tait pas particuli�rement
cr�atif, mais avait su rassembler les meilleures id�es
des autres facteurs en un seul instrument r�ellement
exceptionnel. � sa mort, il laissa la soci�t� entre
les mains de ses fils, Edwin, Carl et Johann.
L'essor de Bechstein continua, et l'ann�e 1912 vit
la sortie de son 100'000e piano. Ses instruments demeur�rent
populaires pendant de nombreuses ann�es malgr� une production
maximale de 5'000 unit�s par an. La maison cherchait
toujours � innover. En 1926, elle lan�a le piano � queue
Lilliput (qui offrait 7 octaves et 1 tierce mais ne
faisait que 1,63m de long) et elle fabriqua des pianos
automatiques �quip�s du m�canisme de Welte & S�hne.
Elle essaya �galement le syst�me Moeurs en un seul instrument
68) et produisit le N�o-Bechstein, sa seule incursion
dans le domaine du piano �lectrique.
La production d�clina fortement pendant les ann�es
de la d�pression (� peine 600 instruments en 1933),
et, apr�s le d�c�s des trois fr�res, la majorit� de
l'entreprise revint � H�l�ne Bechstein. A la fin des
ann�es 1930, la production remonta, et la rumeur couru,
particuli�rement chez les autres facteurs allemands,
que Karl Bechstein �tait ami d'Adolf Hitler, que la
soci�t� avait fabriqu� le piano officiel du Troisi�me
Reich et qu'elle en avait tir� un important avantage
commercial.
Vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'usine
Bechstein fut tr�s endommag�e par les bombardements,
mais les affaires reprirent d�s la fin des hostilit�s.
Se consacrant d'abord � la restauration et � la r�paration,
elle r�ussit � produire, d�s 1950, une centaine d'instruments
par an.
En 1963, Baldwin racheta Bechstein et continua � l'exploiter
selon la d�marche traditionnelle. Enfin, en 1986, le
revendeur et technicien expert Karl Schulze, avec deux
associ�s, racheta Ia maison, qui se trouva ainsi dirig�e
� nouveau par des Allemands. Ceux-ci la remani�rent
enti�rement, fermant trois de ses usines et ouvrant
de nouveaux locaux tr�s modernes � Berlin en 1989.
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